Dès le 20 avril 2010, Ségolène Royal a défini les bases d’une politique de la sécurité de gauche en France, ainsi qu’une politique sur l’absentéisme et les mineurs délinquants

Publié le par DA Paris 15

 Ségo FI 20042010

Le 20 avril 2010, Catherine Pottier recevait Ségolène Royal dans son émission L’invité de 18h15 sur France Info. Ségolène a jeté les bases d’une politique de sécurité de gauche, selon 3 axes – les actes d’incivilité, la délinquance, et la grande criminalité. Chacun de ces actes doit être développée en trois volets : prévention, répression, et réinsertion :

« Ségolène Royal : le président de la République vient de faire un déplacement en Seine-Saint-Denis et de réaffirmer par un vocabulaire qu’il a qualifié « de combat » sa lutte contre l’insécurité. Moi je crois que le droit à la vie, à la liberté, à la sureté de la personne humaine, comme c’est inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, est un rôle fondamental que l’Etat doit assumer et je trouve que dans le domaine de la sécurité la situation est extrêmement grave, et aujourd’hui on n’a plus le temps de se payer de mots, d’ailleurs déjà entendus depuis le début du mandat de Nicolas Sarkozy, mais on a besoin non pas d’un vocabulaire de combat, mais d’une action de combat contre la délinquance.

Catherine Pothier : alors je rebondis, Ségolène Royal, si vous étiez aux commandes de ce pays, quelle serait votre politique en matière de sécurité ?

S.R. : d’abord, il faut distinguer les différentes causes d’insécurité. Il faut lutter à la fois contre les causes de l’insécurité, et contre les effets de l’insécurité. Il faut distinguer moi je crois trois niveaux d’insécurité : d’abord les actes d’incivilité, ensuite la délinquance, et ensuite la grande criminalité. Et sur chacun de ces éléments, il faut à la fois de la prévention, de la répression, et de la réinsertion.

Sur les actes d’incivilité, souvent de très jeunes enfants, de plus en plus jeunes aujourd’hui, il faut une réponse immédiate à chaque acte d’incivilité, et une articulation très forte entre les adultes du quartier, les adultes de l’école et les parents.

Sur les actes de délinquance, ce que l’on observe aujourd’hui, c’est que ni la police, ni la justice n’ont les moyens d’agir efficacement contre la délinquance. Pourquoi ? J’ai rencontré récemment un policier qui se disait découragé d’avoir arrêté des délinquants qui sont immédiatement relâchés. Pourquoi sont-ils immédiatement relâchés ? Parce que les centres d’éducation renforcée, promis par Nicolas Sarkozy, n’ont pas été construits. Donc si on désespère à la fois la justice et la police pour réprimer la délinquance c’est un vrai problème.

Et en ce qui concerne, toujours sur la délinquance, sur ces trois volets, c’est assez simple. Sur la prévention, il faut absolument renforcer à la fois l’éducation, c’est-à-dire l’encadrement des jeunes, aider les parents, et notamment les mères seules à éduquer les adolescents, et lutter contre une des causes majeures de la délinquance des jeunes qui est le chômage. Donc il faut réfléchir ensemble à des actions, par exemple, de lancement de grands chantiers pour occuper les jeunes, leur faire passer le permis de conduire, leur redonner le sens de leur utilité dans la société parce que c’est vrai que sur la délinquance la prison n’est pas la solution, donc il faut une répression équilibrée, une répression juste, et ensuite une réinsertion.

Et enfin sur la grande criminalité, parce que là, restons un instant sur ce sujet-là. Est-ce que la police a aujourd’hui les moyens de lutter contre la grande criminalité ? La réponse est non, donc je demande que la police ait les moyens de lutter contre la grande criminalité. Il y a eu en trois ans, sur les années budgétaires 2008-2009-2010, 9 000 suppressions d’emplois de policiers et de gendarmes. Sur le seul département de la Seine-Saint-Denis, où le président de la République vient de se rendre, il y a une demande réitérée de 400 policiers qui manquent dans ce département. Donc il faut à la fois lancer un plan de recrutement de policiers et de gendarmes, et de formation de policiers et de gendarmes adaptés à la lutte contre la grande criminalité.

C.P. : et sur l’absentéisme scolaire, Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy on le sait veut suspendre les allocations familiales, est-ce une bonne chose ?

S.R. : écoutez, aller affamer les petits frères et les petites sœurs des adolescents délinquants, souvent élevés d’ailleurs par des mères seules, est-ce que c’est la bonne solution ? Franchement, je ne le crois pas, et cette proposition qui est répétée en permanence par Nicolas Sarkozy ne règle absolument pas la gravité de la situation de l’insécurité en France. En revanche, que, lorsqu’il y a de l’absentéisme scolaire, les allocations familiales soient versées à l’établissement scolaire pour être certain que les allocations familiales sont bien utilisées dans l’intérêt des enfants, ça c’est une proposition que j’ai toujours faite et que je continue, bien évidemment à défendre. »

F.M.

Publié dans Sécurités

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